7 décembre 2010


Une thèse de doctorat traitant de l’OVPM

Sous le titre académique de L’espace transnational, ressource ou contrainte pour l’action internationale des villes à la fin du XXème siècle ? Analyse comparée de la fabrique et de la gestion du patrimoine mondial à Lyon et à Québec, la thèse de doctorat de sciences politiques, soutenue par Sarah RUSSEIL le 1er décembre 2006, revient notamment sur la genèse et les premières années de l’Organisation des villes du patrimoine mondial (OVPM).

En partant du constat que le patrimoine mondial peut être assimilé, comme semblaient le faire les acteurs lyonnais et québécois, à un label international et en s’intéressant à ses effets et à ses usages sur les politiques urbaines, la thèse porte sur l’articulation entre villes et institutions internationales et donne une place très particulière à l’OVPM. La thèse analyse comment des politiques urbaines peuvent être nourries, consolidées ou encore contraintes par des logiques et des dynamiques transnationales. Si la production du patrimoine historique répond principalement à des enjeux identitaires et est intimement liée à la consolidation des Etats-nations, la fabrique du patrimoine mondial résulte avant tout d’interdépendances, de débats et de négociations entre de multiples acteurs.

Au-delà des réflexions méthodologiques, notamment en termes de comparaison d’actions urbaines, la thèse constitue une avancée dans l’analyse de l’espace transnational (entendu ici comme l’ensemble des entités participant à la gouvernance des biens du patrimoine mondial) et d’un mode de régulation politique et de gouvernement des villes. L’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, et plus largement le transnational, constitue une ressource pour les municipalités urbaines dans leur positionnement concurrentiel et dans leurs modes de gouvernement, puisqu’il renforce leur visibilité et leur légitimité politique au-delà des frontières nationales ou étatiques, et favorise leur participation à la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial. Dans le même temps, le positionnement exemplaire qu’elles tendent à adopter engendre des modifications, des évolutions et donc un renouvellement des pratiques et des politiques portant sur le patrimoine révélant un apprentissage du patrimoine mondial, et d’une certaine manière de l’international. Sur ce second point, l’Organisation des villes du patrimoine mondial joue un rôle très particulier que la troisième partie de cette thèse analyse finement.

Ainsi l’OVPM, réseau de villes créé au début des années 1990 par quelques villes, occupe selon Sarah RUSSEIL une place particulière dans la gouvernance des biens du patrimoine mondial. En analysant la genèse de ce réseau de villes, puis son institutionnalisation, son propos vise à identifier les effets de l’Ovpm sur la gouvernance des sites ainsi que les rôles et places que ce réseau a pu et su construire pour les élites urbaines dans la gestion du patrimoine mondial.

Conçue par des « savants » comme un outil de diffusion des normes internationales et, partant, comme un levier pour l’élaboration de politiques urbaines de protection du patrimoine, l’Ovpm visait à palier certaines insuffisances de cette gouvernance. En devenant, notamment par l’implication des élites urbaines, un espace de représentations des villes et de légitimation des usages du label Ville du patrimoine mondial, l’Ovpm a, d’une part, érigé la gestion du patrimoine en impératif des politiques urbaines et, d’autre part, favorisé un renouvellement des approches de l’objet patrimoine tant au niveau international que local.

Sans bouleverser réellement la gouvernance des sites du patrimoine mondial, l’Ovpm en a modifié certains traits en déplaçant pour partie la focale de la définition des biens vers la gestion des lieux.

En replaçant l’action des villes et leur montée en puissance dans un contexte plus global que celui défini par les rapports centre-périphérie, la thèse montre que si les relations entre gouvernements urbains et institutions internationales s’autonomisent, elles ne peuvent s’abstraire des Etats et de leurs pratiques.

 

Afin de consulter en ligne la thèse de madame Russeil, suivez le lien ci-bas.

 

http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2006/russeil_s#p=0&a=top